Par Thom Turi-Hano.
25 mars 2009.
Vous souvenez-vous du jour ou, Paul Kagame, President du Rwanda, disait, a la question d’un journaliste a propos de son point de vue sur les elections presidentielles americaines, qu’il ne pensait pas que le peuple americain elirait un noir? Eh bien, pendant que toute l’Afrique, a l’instar du reste du monde, celebrait la montee en sondages du candidat democrate, Kagame avait surpris plus d’un par ses propos. Pour ceux qui connaissent les enjeux et la politique etrangere de la minorite Tutsi au pouvoir au Rwanda, Paul Kagame n’etait pas aussi pessimiste comme certains pourraient le penser. Il avait exprime plutot son souhait car pour Kigali, Barack Obama est impredictible et a en croire sa vision africaine, croyez-moi, son arrivee donne du frisson a certains au Rwanda.
Si quelqu’un vous disait que Kagame avait soutenu la candidature de John Mccain contre Obama, vous ne le croirait pas. En effet, les huit ans de Bush a la Maison Blanche ont ete pour le pouvoir rwandais et leur branche rebelle a l’Est de la RDC un free ride. Connaissant que Bush a passe ses huits ans a la Maison Blanche a servir les interets prives a travers sa politique aussi bien nationale qu’etrangere, il n’y avait pas urgence a Maison Blanche que la guerre de la RDC finisse. Souvenez-vous que Condoleeza Rice avait fait injonction au Secretaire General de l’ONU, le tres incompetent Ban Ki Moon, de ne pas revoquer le General Karenzi Karake de son poste de Commandant Adjoint des forces de l’Union Africaine au Darfour, malgre les temoignages multiples que cet homme a les mains plein de sanf des Congolais. Dans son soutien a John Mccain, Kagame ne s’est pas limite a dire qu’il ne voyait pas “Blancs voter pour un Noir”, ce qui temoigne du racisme de Kagame, a l’image de son gouvernement mono-ethnique. Il etait alle jusqu’a envoyer une delegation de ses proches a la Convention du parti Republicain a Minneapolis, mais malheureusement ses previosions avaient echoues et il fit vite a feliciter le nouveau President americain et meme a se comparer a lui. Pendant ce temps, Barack Obama, Senateur de l’Illinois, avait sponsorise une loi au Congres pour le soutien a la democratisation de la RDC. The Democratic Republic of the Congo Relief, Security, and Democracy Promotion Act (S.2125) avait ete signe en loi et une telle legislation, bien que restee lettre morte, n’etait pas de nature a plaire a la dictature rwandaise. Il va sans dire que le Rwanda a meme exploite la loi a son avantage car le Consul americain a Goma fut pour longtemps un superviseur de la guerre de l’Est de la RDC, avec un soutien diplomatique tout azimuts a la rebellion. Meme la mise de Laurent Nkunda sur la liste des terroristes du Department d’Etat n’avait pas empeche celui-ci de declarer qu’il aime George Bush. Le president Barack Obama est pour une politique africaine des “anchor states”, un peu a l’image des “ecoles pilotes” de la democratie et la stabilite en Afrique de l’Est, de l’Ouest, et Australe. Ces etats ont en commun des grandes superficies, les plus grandes populations d’Afrique et regorgent des ressources naturelles. La RDC remplie ces trois conditions, a la seule difference qu’elle manque un appareil etatique viable. quoi qu’il en soit, avec une telle vision, la RDC aurait une chance de redevenir un “anchor state” comme au temps de la guerre contre Jonas Savimbi a partir de la Base militaire de Kamina. Pendant que a Kinshasa les energies sont epuisees a savoir qui va remplacer devenir President du Parlement si Vital Kamerhe cede a la pression de sa plateforme politique, a Kigali on travaille sur les moyens de renverser la tendance ideologique de la nouvelle administration a Washington. Kagame sait qu’il n’a aucun des atouts, et les recentes suspensions d’aide au budget du Rwanda par certains pays europeens lui ont fait changer de strategie, et Laurent Nkunda en a paye les frais. A Kigali, les diplomates Rwandais ne cachent pas leur sceptiscisme vis-a-vis d’Obama. Ils vont jusqu’a le taxer d’avoir dans son equipe des Clintoniens, comme si Bill Clinton etait vraiment ennemi du Rwanda. Rappelez-vous que kagame ne serait pas la ou il est sans Clinton. Mais pour avoir le soutien total de washington, Kagame n’avait pas hesiter a faire chanter Washington pour son inaction pendant le premier genocide Rwandais. Ce chantage a permis a Kagame d’operer un contre genocide 10 fois plus meurtrier au Rwanda et en RDC et Washington de Bill Clinton a pratiquement ”ferme les yeux.” Cependant il est etonnant que, au lieu de s’attaquer a Hillary Clinton, porteuse du message du renouveau diplomatique a Washington, Kigali a trouve un bouc emissaire en la personne de Susan Rice. En effet, Susan Rice est la seule personne de l’Administration Clinton a avoir participe a la gestion de la crise des Grands Lacs africains. A l’epoque, son visage mignon suggerait plutot une stagiare, un peu comme un membre du celebre Corps de la Paix, comparee a ses boss de l’epoque Madeleine Albright, Secretaire d’Etat et Richard Clarke, le patron du National Security Council; ainsi que son predecesseur a l’ONU de l’epoque Bill Richardson, actuel gouverneur du Nouveau Mexique. A Kigali on accuse Susan Rice de s’etre oppose a l’intervention de Washington pendant le premier genocide. Evidemment a Kigali ils savent qu’en realite c’est Richard Clarke qui avait plutot oppose une telle idee et meme au-dela de sa personne, les Americains ne peuvent pas risquer leur vie dans les Mille Collines du Rwanda “juste pour du cafe Arabica.” Le chantage comme principal politique etrangere du Rwanda ainsi que le genocide comme fond de commerce de Kagame payent et ils n’ont pas ete utilise contre Washington seulement. La France a toujours ete une cible de Kigali pour avoir obtenu de l’ONU l’operation humanitaire dite Turquoise. Avec l’arrivee de Sarkozy dont la politique etrangere dans son pays peut etre comparee a celle de Kabila au Congo, et son Ministre des Affaires Etrangeres, tres proche de Kagame et du FPR, il y a lieu de penser qu’il y aura du repis. Mais tant que les mandats d’arrets de du juge francais Jean-Louis Bruguiere seront la, il convient de continuer d’observer les relations entre les deux pays. D’aucuns se demandent maintenant le sort reserve a Rose Kabuye, premier proche de Kagame a etre arrete en application de mandat d’arret ci-haut cite. Pour revenir aux relations USA Rwanda sous l’Administration Obama, apparemment le Rwanda cherche a exploiter des propos attribues a Susan Rice a l’epoque ou elle etait Sous-Secretaire d’Etat aux Affaires Africaines. Il semble qu’elle aurait declaree qu’il serait risque d’utiliser le terme “genocide” avant les elections legislatives “pendant qu’on ne faisait rien” de cela. Susan Rice a nie avoir tenu ces propos, mais pour ceux qui savent Kagame, il a trouve un outil diplomatique pour la nouvelle administration. Reste a savoir si ca reussira car jusqu’a present Obama se concentre sur la crise economique que traverse les Etats-Unis. Mais a en croire Colette Braekman de La Libre Belgique, c’est lui qui aurait fait pression sur Kagame pour stopper l’aventure du CNDP en RDC. Si cela est vrai, rien que cela doit faire grincer les dents a Kagame. Si Kabila savait seulement lire les evenements politiques du monde… Avec la nomination de Johnnie Carson, un veteran de la diplomatie africaine a Washington, bientot nous commencerons a apprendre beaucoup plus de la vision d’Obama pour l’Afrique. Et pour les incredules, nous verifierons ensemble la tentative de Kagame a recourir a son “blackmail foreign policy” contre Obama. Let’s wait and see.
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